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Quelle(s) vie(s) en entreprise dans les mois prochains ?

Le confinement imposé par l’épidémie de Covid-19 a stoppé brutalement des modes de travail que nous pensions intangibles. Il a imposé un repli en nos pénates devenus espaces de production et champs d’action numérisés.
Publié le : 17 juin 2020

Le confinement imposé par l’épidémie de Covid-19 a stoppé brutalement des modes de travail que nous pensions intangibles. Il a imposé un repli en nos pénates devenus espaces de production et champs d’action numérisés. Les institutions et entreprises ont, elles aussi, été confrontées à des enjeux d’autonomie inédits, obligées de revoir leurs organisations et d’inventer un modus vivendi inédit entre collaborateurs. Ces nouvelles règles du jeu sont-elles amenées à perdurer ? A en croire les JT et les articles qui fleurissent çà et là, oui, voire « mouais ». Mais pour combien de temps alors que la phase de reprise d’activité commence à se (re)dessiner ?

Au-delà des prises de positions souvent tranchées et inspirées « d’un monde nouveau » à réinventer ou poursuivre, ces questions sont au carrefour de tendances multiples, parfois contradictoires, qui croisent le monde de l’entreprise et la société. La plupart d’entre nous seront d’accord : le télétravail est attractif au vu des opportunités qu’il offre de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle, accroissant même la productivité. Il soulage les systèmes de transport, participe à moins de pollution dans les villes et à un mode de vie plus apaisé. Cependant, il comporte aussi des risques qu’il convient d’anticiper pour le vivre pleinement et durablement. 

Prenons la mesure du premier d’entre eux : il accroît les inégalités entre ceux qui y ont accès, souvent des cadres, et… tous les autres.

Le second risque serait celui de renforcer l’individualisation des modes de management. S’il n’est confronté qu’à son N+1, et que ce dernier ne joue pas son rôle de manager d’équipe, le télétravailleur est coupé du collectif. Un collectif au sein duquel se construit et se renouvelle la vie de l’entreprise, ce « lieu de partage de valeurs communes » (dans le meilleur des cas) et où « s’épanouit » l’utilité sociale de l’individu.

Enfin, le télétravail peut être aussi le bras armé d’une tendance de fond : certaines sociétés zappent la dimension collective des compétences au bénéfice de la seule chasse aux talents, de performances individuelles et de compétitivité entre collaborateurs. En éloignant les salariés les uns des autres, le travail à distance ne peut qu’accentuer cette dérive managériale et affaiblir les capacités d’innovation collective, et, par conséquent, la capacité à se réinventer. 

À l’évidence oui ! 

 

Crédit photo : Pixabay

Albano Saldanha

Directeur des contenus